Ghana : le point sur la production de cacao

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Ghana : Dans sa chronique du 16/7/2007 sur les matières premières, la journaliste Dominique Baillard, de RFI, fait le point sur la production de cacao au Ghana. :-)
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Ghana : Dans sa chronique du 16/7/2007 sur les matières premières, la journaliste Dominique Baillard, de RFI, fait le point sur la production de cacao au Ghana.
« Le Ghana affiche cette année de piètres résultats en termes de production : d’ici à l’automne, qui marquera la fin de la saison intermédiaire, la production ne devrait pas dépasser les 650 000 tonnes, c’est 100 000 tonnes de moins que lors de la précédente campagne. Cela n’empêche pas le Cocoboard de rester confiant. Il y a quelques jours, au moment où les cours du cacao ont grimpé à Londres jusqu’à leur plus haut niveau depuis quatre ans, l’office gouvernemental a vendu une part substantielle de la prochaine récolte pour une livraison en mai 2008. Le Ghana profite au mieux des tensions actuelles sur l'offre alors qu’il annonce une récolte record pour 2007/2008, comprise entre 800 et 900 000 tonnes. L’ambition affichée va au-delà : le pays espère produire un million de tonnes de cacao en 2010. Un objectif tout à fait réaliste selon le chercheur François Ruf (2) qui sillonne le pays depuis plusieurs années. À rebours des idées reçues, il constate d’abord que de nouvelles plantations se développent, à un rythme souvent sous-estimé. Les paysans qui craignaient de pénétrer la forêt à l’époque du président Rawlings sont aujourd’hui plus audacieux dans la conquête de nouvelles terres agricoles. Encore plus nouveau : ces paysans replantent sur des terres laissées en jachère. Un recours accru aux engrais a également augmenté les rendements.
Pour la prochaine campagne, le gouvernement prévoit d’augmenter les aides aux planteurs afin de diminuer de moitié le coût des intrants. Par ailleurs, depuis l’arrivée au pouvoir de John Kufuor, des brigades de jeunes sont envoyées à la campagne pour effectuer un traitement de masse. Une initiative d’une efficacité relative sur le plan technique mais qui a le mérite d’envoyer un message aux paysans sur l’importance des fertilisants. Ce cocktail de mesures dirigistes et de plus grande liberté accordée aux planteurs dans l'accès à la terre a rendu la filière plus dynamique. François Ruf a constaté que le vieillissement des planteurs qui remettait en cause la pérennité de cette culture d’exportation n’est plus d’actualité. Déçus par les villes, les jeunes reviennent vers l’activité des pères. Dernier signe témoignant de la montée en puissance du Ghana sur le marché du cacao : la présence accrue des multinationales dans l’aval. C'est ici que les investissements dans les usines de broyage sont les plus importants. En partie en raison des troubles en Côte d’Ivoire qui ont conduit les industriels à sécuriser leur approvisionnement avec des origines alternatives, en partie parce qu’ils voient dans ce pays un potentiel réel de développement. »

(2) Chercheur au CIRAD.