Parfum de cannelle

cannelle petit
En Occident, la cannelle parfume les desserts, tandis qu'en Asie et au Maghreb, elle est un ingrédient essentiel de la cuisine salée. Portrait d'une épice polyvalente et délicieuse, dotée d'un surprenant potentiel pour la santé.
Chez nous, le mot cannelle évoque d'exquises brioches, la croustade aux pommes, le pouding au riz, le cappuccino ou le vin chaud. Mais dans le reste du monde, cette plante dont la racine latine canna signifie «roseau» est associée à une foule de plats salés, dont ceux à base de poulet, de boeuf ou d'agneau. En Inde, elle entre dans la composition du curry, ce plat en sauce au curcuma, et dans le dhal de lentilles. Au Maroc ou en Tunisie, elle parfumera autant la soupe de pois chiches du Ramadan que le tajine d'agneau, le couscous, la pastilla, les cailles rôties, les plats de courges, de carottes à la fleur d'oranger ou de patates douces. Elle entre aussi dans la composition d'une foule de mélanges aromatiques, dont le garam masala indien, le ras-el-hanout d'Afrique du Nord, le quatre-épices français ou les mélanges à pain d'épices d'Europe du Nord. Au Mexique, chocolat et cannelle sont utilisés de pair et l'huile essentielle de cannelle est abondamment utilisée dans l'industrie de la confiserie, en cosmétologie et pour fabriquer certains médicaments.

Une histoire fascinante

Originaire du Ceylan (Sri Lanka), la cannelle est connue depuis l'an 3000 avant notre ère. Les anciens Égyptiens l'utilisaient pour embaumer leurs morts et elle avait la réputation de guérir la toux, la fièvre et les maux de gorge. Elle servait même de monnaie d'échange : au premier siècle avant J.-C., Pline l'Ancien écrivait que 350 g de cannelle valaient l'équivalent de cinq kg d'argent, soit 15 fois la valeur de l'argent au poids. Et, pour preuve de son remords d'avoir assassiné sa femme, le dictateur romain Néron ordonna que l'équivalent d'un an d'approvisionnement en cannelle soit brûlé. La cannelle emprunta la route de la soie pour traverser en Europe; bien des guerres pour son monopole furent livrées entre Hollandais, Portugais et Anglais jusqu'au XVIIIe siècle, quand Java, Sumatra, Bornéo et l'île de La Réunion réalisèrent que leur climat favorisait aussi la culture du précieux cannelier. De nos jours, on en trouve aussi des plantations dans les Antilles, au Brésil et en Guyane.

C'est l'écorce du cannelier de Ceylan et du cannelier de Chine que l'on prélève pour en faire des bâtonnets friables, que l'on utilise tels quels ou réduits en poudre. Le cannelier de Ceylan donne des bâtonnets fins de couleur ocre légèrement sucrés, qui s'enroulent complètement sur eux-mêmes, tandis que la cannelle de Chine est rouge foncée, avec un goût amer. Ses bâtonnets, plus épais, s'enroulent des deux côtés. Elle est souvent utilisée en Amérique du Nord et considérée de moindre qualité que celle de Ceylan.

De récentes recherches font état de propriétés médicinales étonnantes. Non seulement 2 g de cannelle (une cuillerée à thé) renferment-ils 1,3 g de fibres, mais encore est-elle très riche en composés antioxydants, qui protègent le corps contre les radicaux libres, lesquels endommagent nos cellules et engendrent différentes maladies chroniques et des cancers. La cannelle aiderait à lutter contre l'inflammation, l'asthme et le diabète de type 2, en plus d'avoir d'importantes vertus antimicrobiennes. Elle contribuerait même à une diminution significative des lipides dans le sang, en réduisant la formation de caillots. Enfin, elle est aussi une bonne source de manganèse, qui régularise le métabolisme, de calcium (protecteur des os et des dents) et de fer, qui favorise la formation de globules rouges dans le sang.

Anne Desjardins,
Le Soleil

Source : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/vivre-ici/alimentation/200902/05/01-824652-parfum-de-cannelle.php