Succès : Henri et la chocolaterie


Le pays du caramel levant
La success story d'Henri Le Roux a trouvé récemment une forme d'apothéose, avec l'inauguration de son nouveau laboratoire de production à Landévant. C'est là qu'on retrouve le Willy Wonka morbihannais, dans sa nouvelle boîte à chocolats de 2.300 m², qui affiche un design épuré et harmonieux. Nippon, quoi. « Ça paraît un peu démesuré ces locaux », commente-t-il modestement, sous l'oeil du jeune homme qu'il a formé, Julien Gouzien. Les deux alchimistes du chocolat sont encore en phase d'exploration du laboratoire géant baptisé par l'ambassadeur du Japon. Depuis qu'elle a été reprise en 2006 par la société japonaise Yoku Moku, la chocolaterie de Quiberon a changé de dimension (*). « En 2004, j'ai rencontré les gens de Yoku Moku. Ils m'ont invité à « faire » avec eux le salon de Tokyo ». Début de l'idylle qui donnera naissance, trois ans plus tard, à une première enseigne Henri Le Roux à Tokyo. « Pourquoi ça marche si fort au Japon ? Les Japonais font beaucoup de cadeaux : des petites choses, des biscuits, et maintenant, des chocolats. C'est dans leur culture. Depuis une dizaine d'années, ils s'aperçoivent que le chocolat est un produit noble et valorisant et se lancent comme nous l'avons fait dans les années 60-70 ».
Roosevelt s'en lèche les babines
C'est d'ailleurs à cette époque qu'Henri fait ses premières armes, poussé par un papa pâtissier de Pont-l'Abbé (29), qui maîtrisait lui aussi son art. « Mon père était une star dans son métier. Quand il était chef pâtissier à New York, il a préparé le dessert de Franklin Roosevelt, un jour d'élection ». Sur les traces du paternel, Henri prend d'assaut ses premières casseroles tout jeunot. Pistonné, le petit Henri ? Même pas. « Mon père m'a fait attendre deux ans à la "plonge", quand le type qui est arrivé après moi n'en a fait qu'un seul ». Henri Le Roux se formera finalement en Suisse, dans une école, la COBA, qui produit les maîtres chocolatiers avec une régularité de coucou. « Durant ces trois ans d'apprentissage, j'avais deux feuilles de papier qui parlaient de chocolat. Il faut dire que dans les années 60, ça se limitait à trois variétés : noir, au lait et blanc. Point final. Aujourd'hui, on parle de chocolat comme on parle de vin ».
Le peintre chocolatier
Un univers qui, depuis, fait fondre ses papilles et met ses neurones en ébullition. « Quand je mange, quand je me promène, j'imagine de nouvelles créations. C'est un peu comme la palette du peintre. Je vais chercher les différentes couleurs, différents chocolats pour ma base, et on y associe d'autres choses. La nature nous offre une étendue de découvertes inépuisable », affirme l'homme aux 80 créations différentes, qui ne voit pas de limites à ce que l'on peut faire avec un chocolat... Jusqu'à tomber dans le « bizarre » ? « On peut essayer beaucoup de choses. Tout est affaire de goûts. À l'époisse, au roquefort ou au chèvre... Moi, j'ai mon chocolat à la truffe, sans doute l'un des plus chers du monde ». Et demain, un choco-sushi ? Mouais... * Makoto Ishii, gérant de la SARL Le Roux annonçait un chiffre d'affaires de 1.200.000 et une production de six tonnes de chocolats par an et de quinze tonnes de caramels, dont 40 % à l'export au Japon. L'ambition avec le nouvel équipement est de doubler ces chiffres.
Source : http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/succes-henri-et-la-chocolaterie-20081228-4439654_1583788.php