Cacao : une étude d’envergure révèle une nouvelle classification

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Des chercheurs viennent de proposer une nouvelle structuration des cacaoyers en dix groupes morpho-géographiques. Ce résultat est issu d’une étude d’envergure jamais égalée – plus de 1 200 individus lui ont servi de base – menée en partenariat avec le Cirad.
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Une équipe internationale composée de chercheurs américains, français, brésilien et équatorien vient de proposer une nouvelle classification en dix groupes des cacaoyers (Theobroma cacao). Criollo, Forasteros, Trinitarios, Amelonado, Nacional, haut-amazoniens, bas-amazoniens, et bien d’autres, le cacao recouvrait jusqu’alors un grand nombre de dénominations. Deux d’entre elles représentent les sous-espèces reconnues par les botanistes. Mais les négociants, les industriels, les chercheurs, etc. en utilisent, de leur côté, trois principales, sans compter une bonne douzaine d’appellations secondaires et de nombreux autres termes et adjectifs. Il est alors bien difficile de s’y retrouver. Aussi, les chercheurs tentent, au travers de nombreuses études utilisant des marqueurs moléculaires, de proposer une structuration qui mette tout le monde d’accord.

Un classement en dix groupes morpho-géographiques

La nouvelle étude, contrairement aux précédentes, est fondée sur un échantillon d’individus particulièrement large – 1 241 clones sur la ligne de départ –, représentatifs de la diversité totale de l’espèce. De même, un très grand nombre de marqueurs microsatellites a été utilisé : 106 au début de l’étude, dont 96 retenus. En outre, les scientifiques ont systématiquement recherché et éliminé les individus jusqu’alors mal identifiés. Les dix groupes obtenus représentent ainsi des populations très différenciées. Ils ont été nommés par les auteurs selon leurs origines géographiques ou le nom du cultivar traditionnel qu’ils représentent : Amelonado, Criollo, Nacional, Contamana, Curaray, Guiana, Iquitos, Marañon, Nanay, Purús.

Les individus qui ont été étudiés sont principalement issus de prospections de matériel sauvage ou « primitif » réalisées entre 1937 et 2005. Les cultivars Criollo, Amelonado, Nacional ont été inclus dans l’étude en raison de leur origine encore énigmatique et afin d’élucider ce mystère. L’ensemble provient de onze pays d’Amérique du Sud et d’un pays africain, le Ghana. Les hybrides de type Trinitario, issus de croisements entre Criollo et Forastero, ont, en revanche, été exclus de l’analyse.

Favoriser l’amélioration et la conservation des ressources génétiques

L’objectif de cette étude est essentiellement de faciliter le travail d’amélioration génétique du cacaoyer, toujours basée sur l’hybridation entre groupes éloignés. Néanmoins, la nouvelle classification fournit également d’utiles indications quant aux origines géographiques des cacaoyers. L’origine Forastero, notamment, n’est pas retenue par la classification. L’étude montre en effet que les sous-espèces Criollo et Forastero n’ont pas une origine différenciée : des membres du groupe Criollo, connu pour être originaire d’Amérique centrale, ont également été trouvés en Amérique du Sud. Concernant le cultivar Nacional d’Equateur, l’origine amazonienne semble patente d’après les résultats. Il est toutefois issu d’une longue sélection humaine. Pour l’Amelonado, les origines demeurent encore obscures. Des individus sauvages appartenant à ce groupe se retrouvent dans des zones relativement éloignées, mais néanmoins toujours à l’est du bassin amazonien au sens large. Les résultats suggèrent en outre que la diversification du cacaoyer, telle qu’elle apparaît dans cette nouvelle classification, serait liée aux barrières de dispersion créées par d’anciennes chaînes montagneuses, maintenant érodées, appelées les paléoarches.

Malgré son ampleur, cette étude n’a pas prétention à l’exhaustivité. D’autres groupes existent probablement, car des populations sauvages ne sont pas, peu ou mal représentées via les collections. Malgré les habitudes prises depuis parfois des siècles, la nouvelle nomenclature pourrait cependant être progressivement adoptée et favoriser l’amélioration génétique et la conservation des ressources génétiques du cacaoyer.

Contact : Philippe Lachenaud, philippe.lachenaud@cirad.fr
Unité de recherche Maîtrise des bioagresseurs de cultures pérennes

Ces résultats ont été publiés en octobre 2008, dans la revue PLoS ONE :
Motamayor J.C., Lachenaud P., Wallace da Silva e Mota J., Loor R., Kuhn D. N., Steven Brown J., Schnell R.J., 2008. Geographic and Genetic Population Differentiation of the Amazonian Chocolate Tree (Theobroma cacao L.). PLoS ONE, 3 (10) : e3311.

Partenaires :
• Subtropical Horticulture Research Station, Etats-Unis d’Amérique
• Mars Inc., Etats-Unis d’Amérique
• Cirad (France)
• Ceplac/Supor, Brésil
• INIAP, Equateur

Source : http://www.cirad.fr/fr/actualite/communique.php?id=1049