Côte d'Ivoire : des producteurs de cacao accusent des ministres de corruption


ABIDJAN (AFP) — La principale association de producteurs de cacao de Côte d'Ivoire, premier exportateur mondial, a exigé mercredi la libération des dirigeants de la filière café-cacao récemment incarcérés pour "détournements de fonds" et mis en cause plusieurs ministres en exercice.
"Nous exigeons la libération de nos leaders sans délai si les vrais coupables que sont les ministres et les membres du comité d'examen sont en liberté", a déclaré lors d'un point de presse Christophe Kottin, porte-parole de l'Association nationale des producteurs de cacao de Côte d'Ivoire (Anaproci).
M. Kottin a accusé différents ministres de tutelle de la filière café-cacao en exercice depuis 2001 d'avoir "détourné l'argent des producteurs notamment Alphonse Douati, (Sébastien) Dano Djédjé et Amadou Gon Coulibaly", en tant que ministre de l'Agriculture, et "Antoine Bohoun Bouabré et Charles Koffi Diby", en tant que ministres de l'Economie et des Finances.
L'Anaproci a aussi réclamé "un audit général des prélèvements (encaissés par l'Etat), le relevé des comptes séquestres logés à la BCEAO (Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et à la BNI (Banque nationale d'investissement, publique) et l'audition des ministres de tutelle".
"On estime à ce jour à plus de 600 milliards de FCFA (915 millions d'euros) les redevances prélevées au titre des structures de gestion de la filière", a indiqué le porte-parole de l'Anaproci, soulignant que ces structures "n'ont pu utiliser que 160 Mds de FCFA (244 M EUR)".
"Où est donc passé le reste des milliards de que l'Etat a géré seul au niveau des comptes séquestres?", s'est interrogé M. Kottin.
"Les ressources dont il est question ne sont que l'épargne privée des producteurs", a-t-il ajouté, soulignant que "toutes les acquisitions des producteurs ont fait l'objet d'un accord préalable des différents ministres de tutelle, représentés dans les conseils d'administration" des structures de la filière.
L'Anaproci a également rappelé que les dirigeants incarcérés avaient, "en décidant de donner à l'Etat une partie de l'argent des producteurs", permis de soutenir le régime du président Laurent Gbagbo pendant la crise politico-militaire survenue en 2002.
"C'est encore eux qui ont permis au pouvoir en place d'organiser et de soutenir le mouvement patriotique" des jeunes pro-Gbagbo lors des événements de novembre 2004, a lancé M. Kottin.
Il s'agit de la première réaction de l'Anaproci depuis les inculpations fin mai des principaux dirigeants de la filière accusés de "détournements de fonds, d'abus de confiance, d'abus de biens sociaux, d'escroquerie, de faux et usage de faux en écriture de commerce ou de banque".
Le président de l'Anaproci Henri Kassi Amouzou, également président du Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café-cacao (FDPCC), fait partie des personnes incarcérées depuis le 18 juin.
Parmi elles figurent aussi le président de la Bourse café-cacao (BCC) Lucien Tapé Do, la présidente du Fonds de régulation et de contrôle (FRC) Angeline Kili et son directeur général Firmin Kouakou, considérés comme des proches de Laurent Gbagbo ou de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI).

Source : http://afp.google.com/article/ALeqM5irNPufAvAUF5irWVQlSxz7__Vr6g